Une étude publiée le 28 juillet dans la revue britannique "Cerebral Cortex" affirme que le cerveau fonctionne différemment quand une personne est sous hypnose.
Dans Le sortilège du scorpion de Jade, le film du réalisateur américain Woody Allen, sorti en 2001, un magicien hypnotise deux inconnus et conduit l'un d'entre eux à réaliser, à son insu, une série de cambriolages. Dans la fiction, l'hypnose fascine. Mais désormais, de l'arrêt de la cigarette au traitement de la douleur pour les grands brûlés, cette technique est de plus en plus utilisée pour ses principes thérapeutiques. Si l'hypnose reste un mystère, une étude publiée le 28 juillet dans la revue britannique Cerebral Cortex (article en anglais) lève une partie du voile sur le fonctionnement de cet état modifié de conscience (EMC).
Des chercheurs de l'université de Stanford, aux Etats-Unis, montrent que l'hypnose a un effet particulier sur le cerveau en agissant notamment sur le débit sanguin : il y a ainsi une diminution de l'interaction entre certaines régions cérébrales.
Des patients moins conscients d'eux-mêmes
David Spiegel, professeur en psychiatrie à l'université de Stanford et membre de l'équipe de recherche, interrogé par le site américain Quartz (en anglais), est catégorique : "L'état hypnotique implique un autre type de fonctionnement du cerveau."
Pour l'étude, son équipe de chercheurs a d'abord soumis 545 étudiants à différents tests, avant de sélectionner 57 d'entre eux. Parmi ces derniers, 36 étaient considérés comme très hypnotisables et 21 étaient complètement imperméables (insensibles à l'hypnose), l'objectif étant de pouvoir comparer les données. Les sujets devaient imaginer un temps où ils se sentaient heureux, ensuite se représenter en vacances, comme le rapporte le New York Times (en anglais). Les cerveaux en action étaient analysés à l'aide d'IRM fonctionnelles (IRMf), une technique d'imagerie cérébrale.
« En général, les gens qui sont hypnotisables ont tendance à être moins conscients d'eux-mêmes, à faire plus vite confiance à d'autres personnes et à être plus imaginatifs. »
L'effet d'un téléobjectif
Et les conclusions de l'étude sont saisissantes. Sous l'effet de l'hypnose, les patients "hypnotisables" voient l'activité de certaines régions cérébrales (ou plus précisément, celles du cortex cingulaire dorsal antérieur) réduites, du fait d'un afflux sanguin limité. Des zones de notre cerveau qui nous aident habituellement "à décider, parmi la multitude de choses qui nous entourent, lesquelles il faut ignorer et celles qui méritent notre attention", explique le David Spiegel au Figaro.
« Sous hypnose, on réduit son attention comme sous l'effet d'un téléobjectif. Ce que l'on voit est beaucoup plus détaillé, mais on voit moins ce qu'il y a autour. »
Conséquence ? Les patients hypnotisés sont davantage en mesure de se concentrer sur une tâche en particulier, sans se soucier de l'environnement extérieur. De plus, les réseaux associés à la communication entre l'esprit et le corps seraient plus connectés que dans un état non-hypnotique. Deux facteurs qui permettent d'expliquer "pourquoi l'hypnotiseur peut amener un entraîneur de football à danser comme une ballerine sans qu'il soit conscient de ce qu'il fait", affirme le David Spiegel au New YorkTimes (en anglais).
Des découvertes qui pourraient révolutionner la prise en charge de patients, notamment en psychiatrie. Pour David Spiegel, l'hypnose pourrait ainsi aider les gens à "contrôler leurs réactions physiques en réponse à des pensées et à des facteurs de stress".