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  • Source : l’express

« karmathérapie », autrement appelée thérapie par les vies antérieures.


Phénomène aux Etats-Unis, la karmathérapie part du postulat que les difficultés existentielles peuvent trouver leur source dans des vies passées. Décryptage au-delà du présent.

William Réjault, écrivain, avait depuis des années des problèmes récurrents aux reins. Un jour, sans trop y croire, il prend rendez-vous avec Sabine Planté, une thérapeute travaillant sur "la mémoire cellulaire du corps". "Je ne m'étais jamais vraiment penché sur la question des vies antérieures, je suis plutôt ouvert à ce qui sort du cadre du rationnel, mais je n'avais pas imaginé ce qui allait se passer", confie William. "En quelques minutes, elle a 'vu'. Et m'a révélé que j'avais été poignardé dans une vie antérieure, à l'âge de neuf ans. Il restait selon elle une empreinte de cette mort violente dans mon corps. Cela expliquait sans doute ma posture voûtée, le fait que je me sois en quelque sorte prostré sur mon rein.

En deux séances, j'ai eu la sensation d'aller mieux. Et je n'ai plus jamais eu de problème aux reins. On peut y croire ou non, le fait est en tous cas que je venais pour un problème physiologique qui a disparu." Depuis, William Réjault s'est mis à la méditation et a la ferme conviction d'avoir également un lien "très fort" avec l'époque araméenne. "Lors d'une exposition sur cette période, j'ai été bouleversé à un point qui dépassait le simple choc esthétique."

Une démarche issue de la philosophie bouddhiste

Et si, comme ce fut apparemment le cas pour William Réjault, la résolution de nos difficultés actuelles résidait dans nos existences passées? C'est l'hypothèse, certes déstabilisante pour tous les esprits cartésiens, sur laquelle repose la "karmathérapie", autrement appelée thérapie par régression dans les vies antérieures. Cette démarche, qui prend sa source dans la philosophie bouddhiste et la tradition indienne, connaît actuellement un succès fulgurant aux Etats-Unis et séduit de plus en plus de patients en France. Ne cherchez pas pour autant de praticiens officiellement estampillés "karmathérapeutes". L'appellation n'a pour l'instant pas franchi l'Atlantique. La karmathérapie est prodiguée par des hypnothérapeutes, des psychologues énergéticiens, voire, comme aime à s'appeler Mima Salloum, des "guérisseurs de l'âme".

Cette dernière a créé sa propre méthode, "la technique énergétique globale". "J'ai moi-même suivi des séances de régression -[ndlr, durant lesquelles on remonte aux origines de notre existence sur terre par le biais de l'hypnose ]- avec l'un des précurseurs de cette façon de travailler, Patrick Drouot." "Mais personnellement, poursuit Mima Salloum, si je crois au karma et aux vies antérieures, ce n'est pas un objectif en soi. Ce à quoi j'aspire avec mes patients, c'est à parvenir à les guérir de leurs maux."

De lointains traumatismes imprimés dans une "mémoire cellulaire"

"Prendre conscience de nos différents personnages karmiques ne suffit pas", poursuit Mima Salloum. "Ce que l'on a fait, pensé, ce que l'on pense dans notre vie actuelle laisse systématiquement une empreinte. Il faut admettre que de lointains traumatismes psychiques ou physiologiques -ce qu'on appelle des résidus négatifs- puissent rester imprimés pour longtemps dans notre mémoire cellulaire et générer un mal-être, voire des maladies que l'on ne s'explique pas. C'est en prenant conscience de cela, en apprenant à pardonner pour s'alléger de notre colère, que petit à petit, on se débarrasse de ces 'samskara', comme on les appelle dans la philosophie bouddhiste."

Difficile cependant pour Mima Salloum d'expliquer "avec des mots" le déroulement d'une séance. "En général, après quelques minutes de relaxation, le corps 'subtil' du patient et le mien entrent en résonance. C'est à ce moment là que je peux avoir des flashs, sur ce que la personne a pu vivre dans une autre existence. Je m'applique alors à les 'déprogrammer' en discutant avec la personne qui en prend conscience. Ensemble on travaille sur la source de ces traumas." Mima Salloum affirme ainsi avoir ainsi aidé une jeune anorexique à guérir, mais aussi une femme diagnostiquée stérile à tomber enceinte, ou encore un cadre supérieur harcelé au travail à se dépêtrer de sa situation.

Archétypes et inconscient collectif

De son côté, si Lise Bartoli, psychologue clinicienne et hypnothérapeute, ne réfute pas le terme de karmathérapie cette dernière préfère parler "d'archétypes" plutôt que de personnages karmiques. "Nous sommes tous porteurs d'informations conscientes et inconscientes qui nous guident dans nos croyances et nos comportements. Cette énergie psychique contient les expériences et émotions liées à notre passé et à celui de nos ancêtres. L'inconscient collectif est également à l'oeuvre au travers des archétypes, ces symboles archaïques puissants qui retentissent en chacun de nous."

Parmi les douze archétypes qu'elle a formalisés, Lise Bartoli cite "le guerrier", "l'ange", "l'infirmière", "la victime" ou encore "le prisonnier". "Nous avons tous été l'un ou l'autre, nous sommes tous l'un ou l'autre. Ces parts d'ombre ou de lumière sont nécessaires. Mais revenir au passé, explorer en nous ces archétypes qui parfois nous bloquent permet de rompre avec eux."

"Une personne tout le temps en colère par exemple, peut avoir en elle un guerrier qui ne parvient pas à baisser les armes. Lors d'une séance avec moi, le patient, placé dans un état modifié de conscience, entre en résonance avec moi. Et, ainsi guidé, il peut partir à la rencontre par exemple de ce 'guerrier' pour comprendre pourquoi certaines choses d'une vie peut-être antérieure, ou de celle de ses ancêtres, n'a pas été résolue. De façon à ce que ce 'guerrier' comprenne qu'il peut enfin se reposer."

L'objectif: couper avec son ou ses personnages

Lise Bartoli insiste cependant sur la "nécessaire dissociation": "Je suis moi et j'ai ce personnage qui m'encombre. L'archétype ne nous définit pas, il peut être un obstacle lorsqu'il correspond à notre part d'ombre, ou au contraire un appui lorsqu'il est de notre part de lumière." "J'ai un patient qui par exemple m'a dit à la fin d'une séance, 'J'ai mis mon guerrier dans un hamac'. Par cette métaphore, son inconscient comprend qu'il peut s'apaiser, que ce n'est plus la peine de s'exciter à la moindre contrariété."

Si Lise Bartoli croit personnellement aux vies antérieures et peut en déceler lors des séances, elle ne se veut pas prosélyte. "Certains sont ouverts à cela, d'autres, non. Oui, parfois, le fameux guerrier ou l'infirmière se révèlent lors de la régression être un chevalier du XVIIIe siècle ou une bonne soeur. Mais je ne dis rien, je ne suggère rien. Je ne fais que rebondir sur ce que le patient voit ou ressent. A la fin, l'objectif reste de se couper de ce personnage."

Croire en la réincarnation n'est pas nécessaire

Surtout, souligne-t-elle, il n'est pas indispensable de "croire" en la réincarnation pour faire ce voyage. Autrement dit, ces fameux archétypes peuvent être tout simplement des métaphores de ce qui constitue notre être et de nos conflits intérieurs. Libre à chacun ensuite d'y voir la résurgence d'existences antérieures, de celles de nos parents ou grands-parents. D'une manière générale, résume Lise Bartoli, la karmathérapie demande de la part du patient un "véritable accueil".

"Pour les personnes suivant des thérapies analytiques, cela peut être plus difficile dans un premier temps. On fait appel au cerveau droit, intuitif, plus qu'au cerveau gauche et à la réflexion." "C'est un travail complémentaire à la psychothérapie. L'un n'empêche pas l'autre. On n'est pas sur un suivi à long terme, les choses peuvent se débloquer en quelques séances."


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