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  • Pascal Mélaine

Le suicide, une douleur irréparable pour celles et ceux qui restent.



Le suicide est un sujet tu par les médias et contre lequel la société lutte, de manière tout aussi silencieuse tous les jours. C’est un sujet tabou par excellence, surtout en raison de tous les sentiments qui peuvent assaillir la personne qui se voit obligée de subir un tel malheur. Le fait qu’une personne que l’on aime décide de mettre fin à ses jours est quelque chose que, souvent, on ne pourra pas comprendre, aussi longtemps pourra-t-on tenter d’y réfléchir.


Accepter que la personne que l’on aime ait voulu s’en aller est quelque chose de réellement difficile à comprendre pour l’esprit humain.


Le choc qui nous frappe peut durer des jours et des jours. L’incrédulité apparaît dans cette scène macabre et reste pendant longtemps. Le refus apparaîtra aussi. “Il n’a pas voulu s’en aller, quelque chose s’est sûrement passé, mais il ne voulait pas partir. Non. Je refuse de le croire. Il ne voulait pas partir et laisser ses parents comme ça.”

Le suicide fait naître une culpabilité très limitante chez celles et ceux qui restent.


Nous chercherons toute explication possible, et refuserons de croire qu’il a pu vouloir en finir avec la vie de son propre chef, qu’il ait pu prendre cette décision consciemment, et en ayant réfléchi à toutes les conséquences que cet acte pouvait impliquer. Si on le faisait, si on acceptait cela, on pourrait alors être envahi par la sensation que l’on n’a pas été une raison suffisamment importante pour faire basculer la balance de l’autre côté, du côté de la vie. Apparaîtra alors la haine, car on se sent trahi ou traité de manière injuste ; la culpabilité de ne pas avoir fait plus, de ne pas avoir pesé plus lourd.


Ce n’est pas vous qui avez mené cette personne que vous aimiez à vouloir s’en aller. Ce n’est pas vous qui l’avez incité à partir. Vous n’êtes pas responsable de son suicide. Voilà les mots qu’ont besoin d’entendre les personnes qui sont restées. De plus, elles ont besoin de les intégrer dans la nouvelle histoire racontant ce qui est arrivé, elles doivent le verbaliser.


Bien souvent, on culpabilise car on n’a pas su voir les signes précurseurs du suicide. On culpabilise car on n’a pas pu éviter la perte de cette personne que l’on aimait : “Comment n’ai-je pas pu m’en rendre compte ? Les choses auraient été tellement plus simples si j’avais été là pour lui. Ce jour-là…à cette heure-là.” Nous nous attribuons un rôle qu’en réalité nous n’aurions pas pu incarner. Malheureusement, quoi qu’il en soit et aussi fort qu’aurait-on pu le vouloir, nous n’aurions pas pu faire grand-chose de plus. Quiconque a besoin de s’en aller car il ne supporte plus l’angoisse d’être vivant cherchera un moyen de le faire, à quelque moment que ce soit…et quoi qu’il en soit.


La haine et le ruminement constant sont très communs chez celles et ceux qui restent

Il s’agit là de la difficile réalité à assumer. Sans culpabiliser. Sans se sentir et sans se savoir responsable de la perte. C’est un travail personnel et intime qu’il faut promouvoir dès le départ et prendre au sérieux. Car une culpabilité irrationnelle et irréelle peut faire durer plus longtemps et rendre plus difficile ce deuil que l’on doit vivre.


La haine envers la personne qui s’est suicidée est aussi un sentiment humain très commun : “Comment a-t-il pu me laisser là ? N’a-t-il pas pensé à moi ne serait-ce qu’une seconde avant de le faire ?” Une sorte de haine remplit notre vide. La haine envers ce qui n’est pas explicable est un des sentiments les plus difficiles à digérer ; en effet, on ne peut pas la diriger vers qui que ce soit, car personne n’est vraiment coupable.



“L’incertitude est une marguerite que l’on n’a jamais fini d’effeuiller.”


– Mario Vargas Llosa –



Le ruminement est également omniprésent lorsque l’on traverse une telle épreuve. Combien de temps a duré son agonie ? Y a-t-il eu ne serait-ce qu’un soupçon de regret chez lui ? A-t-il souffert ? Sans oublier l’éternel et démoralisant POURQUOI ? C’est une sorte d’affaire inachevée à laquelle on ne peut pas mettre fin facilement. Nous avons besoin de beaucoup de temps avant de pouvoir arriver à la vivre avec un peu plus de paix.


La peur que n’arrive la même chose à une autre personne qu’ils aiment peut paralyser la vie de celles et ceux qui restent.

Mais apparaît aussi la peur… La peur qu’un autre être cher fasse la même chose. La peur que le sentiment de culpabilité que l’on a soit si insupportable que ce soit la seule option envisagée. Cette peur finit par gouverner la vie de beaucoup de personnes. Elles cherchent à prévoir tout soupçon de souffrance qui puisse déboucher sur un autre malheur.


Enfin, mais pas de moindre importance…la cicatrice. La trace que bien des familles gardent dans leurs vies. La honte que l’on ressent lorsqu’on se demande si on n’aurait pas “pu” éviter ce malheur. Le silence que cette question génère. Le tabou si immense qu’implique ce type de mort.


Tous ces sentiments sont naturels et complètement humains. Nous devons les analyser et les accepter. Il est naturel de tous les ressentir, mais il faut les vérifier afin d’éliminer la culpabilité irrationnelle et la honte qui ne devrait pas apparaître. Pour pouvoir enfin en finir avec ce silence qui ronge l’âme. Une âme qui a besoin de parler, de s’exprimer, et de se sentir accompagnée.



Sources: Nos Pensées

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